Recherche

Monument des fusillés

Texte du panneau explicatif :

Une page d'histoire de la Résistance française ou "Comment meurt un réseau ..." Le 15 juin 1944, en bordure d'un herbage du bocage, sur le territoire de la petite commune de Beaucoudray, dans l'aube fraîche d'un des plus longs jours de l'année, onze membres du réseau PTT de Saint Lô tombent sous les balles allemandes. Ainsi s'achève tragiquement, l'action préparée de longue date, mise en application dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 dans le cadre du "Plan Violet" de sabotage systématique des Installations téléphoniques allemandes.. Action qui aurait dû se poursuivre en arrière des lignes ennemies mais l'absence de moyens et en hommes et surtout en matériel devait rendre impossible.

Crée à Saint- Lô dès la fin de 1940 par Marcel BICHER, l'action du groupe de résistants recrutés plus spécialement au sein des postiers consistait dans un premier temps à informer les alliés sur la consistance du réseau de défense allemand (Poste de guet, batteries de D.C.A, mouvements de troupes) puis à saboter et à intervenir en arrière des lignes allemandes lors de la percée du front. Un renfort de parachutistes devait permettre une telle action concertée.

Malheureusement, les renforts tant attendus du Spécial Air Service ne vinrent pas: empêtrés dans les marais du Cotentin, les Alliés furent bloqués rapidement par une importante résistance allemande. Les postiers, isolés dans la ferme du village Le Bois où ils s'étaient réfugiés après avoir coupé les grands câbles allemands le 5 juin au soir, furent réduits à l'attente. La percée du front ne se produisait pas .... Des bavardages, des indiscrétions et peut-être des inattentions permirent au groupe de non-combattants allemands, séjournant au village tout proche de la Réauté, de prendre en filature de jeunes hommes qui étaient bien loin d'avoir le comportement des villageois. A la pointe du jour, le 14 juin, une patrouille motorisée allemande pénétrait jusqu'à la ferme où les hommes du maquis passaient la nuit. Il n'y eut aucune réaction. Une erreur...des hommes égarés...faux... à 10h30 Ies non-combattants appuyés par les S.S arrivèrent en force mitrailleuse en batterie. La ferme était rapidement cernée. Un maquisard, Raymond ROBIN qui montait la garde, surpris, fut maîtrisé. Il en était de même des 8 hommes qui se trouvaient à l'intérieur et préparaient le repas de midi. Dehors, des coups de feu claquèrent. Alfred GUY, un résistant tomba, une balle dans la cuisse. Ernest PRUVOST le responsable national, qui finissait de se raser dehors, parvint à se fondre dans l'abondante végétation qui alors entourait la ferme.

Il en était de même de trois autres: BICHER, DESCHAMPS, RAOULT... René CROUZEAU sommé de lever les bras, parvint avec son colt à abattre son adversaire mais dut se rendre à son tour. Il eut le pénible privilège d'être considéré comme le chef. Après de longues interrogations et de tentatives pour sauver ses hommes, CROUZEAU déclara très nettement à ceux qui le questionnèrent "Nous sommes contre vous".

Mme LEBLOND qui, accompagnée de son fils, avait la lourde tâche de surveiller Ies abords de la ferme fut également longuement interrogée ainsi que son fils alors âgé de 11 ans. Ils échappèrent, par on ne sait quelle grâce inattendue, à l'exécution. Conscients que le groupe était beaucoup plus étoffé que prévu, que de nombreux habitants de la contrée furent impliqués dans l'affaire, les Allemands se mirent en chasse, bouclant toute la région, interrogeant sans relâche toute personne rencontrée considérée comme "suspecte". C'est ainsi qu'Alphonse FILLATRE et son épouse accompagnés d'une jeune parente, avertis in extremis par un jeune garçon des environs, Bernard LALLEMAN, parvinrent à tromper la vigilance nazie et celle des chiens lancés à leur recherche.

Mais toutes les recherches se révélèrent sans résultat. Aucun autre résistant ne devait être retrouvé. Mais le réseau ne se reconstituait-il pas? Les parachutistes n'allaient-ils fondre du ciel pour sauver les résistants? Il fallait en finir. Après une rude journée où l'aviation alliée S'était montrée particulièrement active, les Allemands décidèrent à la tombée de la nuit de transférer leurs prisonniers au village de la Réuté. Ils furent enfermés sous une garde très vigilante dans une écurie .

15 juin, 4h du matin, un camion qui démarre brutalement... Des ordres gutturaux... Quelques minutes encore une longue rafale de mitraillette dans l'aube se lève... Onze hommes ont cessé d'exister. Les corps des malheureux furent retrouvés à la libération début août : 4 d'un côté et 7 de l'autre, à l'emplacement exact où se dresse le monument. Ils étaient attachés deux par deux. Sur l'un on retrouvera le brassard FFI (Force Françaises de l’Intérieur). Cette distinction militaire se révélait illusoire car bien que l'Homme adhérait à cette Armée appelée "des Ombres",il ne sera jamais respecté par l'Allemand.

Chaque année, le premier dimanche qui suit le 15 juin, une foule, toujours nombreuse, assiste à la cérémonie commémorative. Peut-être pour illustrer la phrase du poète "...où je meurs renaît la Patrie"

Location for : Listing Title