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The Hogan’s 400

Le 16 décembre 1944, le troisième Reich lance ses dernières forces dans une offensive en Ardennes baptisée « Wacht Am Rhein ». Les forces américaines sur place sont écrasées et le front recule sous la poussée des Allemands. Les Alliés s’organisent pour contrer cette puissante attaque. Quelques jours avant Noël, le général Rose, commandant de la 3rd Armored Division (3ème Division Blindée) se trouve dans la région de Hotton. Il décide alors de former 3 Task Force : Task Force Kane, Task Force Tucker (devenant Orr par après) et Task Force Hogan. Le Lieutenant-Colonel Samuel Hogan se voit attribuer le flanc droit. La TF Orr se trouve au centre et la TF Kane est à gauche.

Le 20 décembre, les groupes quittent la région de Hotton en direction de leurs objectifs respectifs sans aucun renseignement sur les forces ennemies dans leur secteur. Le lieutenant-colonel Hogan progresse en direction de la Roche en Ardennes. Une fois dans la ville, il s’étonne de rencontrer l’arrière de la 7rd Armored Division (7ème Division Blindée) ! A leur demande, il leur attribue son peloton d’obusiers 105 mm en protection. La route de la Task Force Hogan se poursuit au-delà de la Roche en Ardennes mais les premiers contacts avec l’ennemi se font un peu après, dans les environs de Maboge. Ce seront les premiers affrontements avec cette division, la 116 Panzer, durant la bataille des Ardennes. Le groupe rebrousse chemin et établit ses quartiers à Laroche en Ardennes.

Le 21 décembre, à la suite de plusieurs problèmes radio, Hogan décide de remonter lui-même chercher des ordres du côté de Hotton. Un convoi de deux jeeps quitta la ville au petit matin. Le trajet ne se déroula pas comme prévu, puisque quelques miles plus loin, les deux jeeps tombèrent sur un convoi d’allemands déguisés en américain en plein milieu d’une route. Ni une, ni deux, Samuel Hogan et les occupants des jeeps abandonnèrent leurs véhicules et se dispersèrent dans les bois. Une fois rassemblés, les quelques hommes prirent la route (tout en évitant les Allemands) en direction de Hotton, comme initialement prévu. 


A plusieurs reprises, le petit groupe fut proche d’être découvert par l’ennemi. Finalement, le groupe décida de revenir sur leurs pas retrouver la Task Force sans savoir précisément où elle était. Durant cette période, le commandement de la TF est remis au Major Stewart Walker. La Task Force fait mouvement en direction du nord pour finalement arriver dans la région de Marcouray. C’est par un heureux hasard et quelques renseignements de civils belges que le colonel Hogan et les quelques hommes qui étaient avec lui se sont retrouvés dans le petit village ! Le constat est lui, beaucoup moins réjouissant. La Task Force a ordre de rejoindre le commandement à Hotton mais les différentes informations qu’ils reçoivent indiquent que des barrages routiers ennemis sont en place un peu partout autour d’eux. Les munitions et les vivres sont en quantité, mais l’essence se faisait rare et insuffisante pour regagner les lignes arrière en cas de combats. Ils devront se défendre dans le petit village ; un périmètre de défense est mis en place. Durant les 23 et 24 décembre, le seul ordre que le colonel Samuel Hogan reçu est : « Attendez ». Au bout de deux jours, l’information tombe que deux compagnies de parachutistes essaient de libérer la voie pour évacuer la Task Force mais sans succès. Le 24 décembre, une jeep allemande s’approche du village de Marcouray avec un drapeau blanc. Les hommes de Hogan espère une bonne nouvelle de la part de l’ennemi mais il n’en est rien. Le général ennemi demande à la Task Force de se rendre pour éviter un bain de sang. Ils savent que Hogan et ses hommes sont encerclés dans le petit village et qu’il ne leur reste plus de portes de sortie. Hogan répond qu’ils combattront et qu’il exécutera les ordres donnés ! Ce sera le « Nuts » de Marcouray ! Plusieurs tentatives de ravitaillement sont menées par voie aérienne et par artillerie mais c’est également un échec. Les C-47 ne savent que vaguement où se trouve la Task force et n’arrivent pas à atteindre la zone car durant cette période, le village de Laroche est aux mains des Allemands et une concentration de défense anti-aérienne s’y trouve également. La Task Force n’avait plus aucun moyen de sortir du périmètre. Les dés sont jetés

Finalement, le 25 décembre, le général Rose donne finalement l’ordre de détruire tout le matériel lourd, de saboter les différents blindés et de rejoindre les lignes à pied. Chose faite. Le colonel Hogan décide d’envoyer les hommes par groupe de 20 avec 30 secondes d’écart entre chaque groupe. Les blessés restent sur place avec le corps médical. Les hommes se noircirent le visage avec des bouchons de liège brulés ainsi qu’avec de la graisse de véhicule. Aucun équipement faisant du bruit et des reflets ne fut autorisé. Les hommes étaient prêts à partir pour cette évasion risquée. Le départ est donné au coucher de soleil ! Le colonel et ses deux assistants sont les derniers à quitter le village dans la nuit. Leur progression est très difficile car Hogan était équipé de bottes de pilote d’avion anglais, conçues pour voler mais pas pour marcher sur des terrains accidentés comme ceux des Ardennes. A plusieurs reprises, ils passent près du danger avec des ennemis omniprésents dans le secteur. Ce n’est qu’au lendemain matin après un court repos que Hogan et ses deux assistants entendent une voix donnant des indications en anglais pour l’artillerie. Ils s‘approchèrent doucement en levant les bras et tombèrent sur des GI de la 75 DI, Division dépourvue d’expérience car fraichement arrivée sur le front. Une fois les trois hommes identifié, une jeep est venue les chercher pour les amener au quartier général de la division. Quand le Général Rose a demandé à Samuel Hogan pourquoi il était le dernier à rejoindre les lignes amies, celui-ci n’a pu répondre que « Mes pieds me faisaient affreusement mal ». Finalement, les « 400 de Hogan » (en réalité 486 hommes) sont presque tous arrivés à rejoindre les lignes amies dans les alentours de Soy. Certains ont été retrouvés 72 heures plus tard mais en vie ! Seul un Gi fût tué par un « tir ami » à l’approche de la ligne de front. La Task force Hogan est rentrée dans la légende avec cette évasion risquée. Après un court repos, ceux-ci retournèrent sur les champs de bataille et contribuèrent à la victoire en Europe, finissant la guerre à Dessau en Allemagne.

Crédit photo et contribution The Bro ASBL

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