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Massacre de Gourvily

Le samedi 5 août 1944 vers 16h30 sont tombés sous le feu allemand  4 résistants et une famille quimpéroise
Jean-Louis LE JEUNE, 67 ans.
Anne-Marie LE JEUNE née CUZON, 64 ans.
Marie-Renée LE JEUNE née LE QUILLEC, 33 ans
Marie-Anne LE JEUNE épouse TOULLEC, 32 ans.

Témoignage de Monsieur René Toullec fils de Marie-Anne LE JEUNE :

Je suis né à Gourvily en décembre 1940. J'y ai vécu avec ma sœur, née en 1936, mes parents et mes grands parents maternels jusqu'au 5 août 1944. La maison était située au bord de la route de Brest, à environ 4 km de Quimper. Comme beaucoup de commerces de campagne, elle regroupait buvette, épicerie, téléphone public et même poste à essence. Le commerce était tenu par ma grand-mère, aidée de ma mère. Mon grand-père avait été longtemps ouvrier agricole. Il avait fait toute la guerre de 1914-1918. Mon père avait été mobilisé en septembre 1939 et fait prisonnier en juin 1940. Il avait bénéficié d'un congé de captivité à compter de novembre 1942. Il devait toujours avoir sur lui un "ausweis" écrit d'un côté en allemand et de l'autre en français et se présenter à la kommandantur à Quimper une fois par mois. L'ausweis précisait qu'il pouvait  être renvoyé en Allemagne à tout moment et que tout acte hostile à l'occupant serait puni de mort.  Il était censé aller travailler à l'usine Saupiquet, mais quand il s'y était présenté, on lui avait dit qu'on n'avait pas besoin de lui. Il était donc retourné travailler à la ferme de ses parents (Beg-ar-Menez Traoñ ), comme avant la guerre. Il y allait tous les matins et revenait le soir. La ferme était à l'écart de la route de Brest, à environ 2 km de Gourvily. Elle était située entre Penhoat et le Stangala

Le matin du 5 août 1944, ma mère est allée en vélo faire des courses à Quimper. 

Voici un extrait de l'allocution prononcée par ma sœur le 6 août 1994 lors de la commémoration du drame :

"Certes , vivant près d'une voie de grand passage, nous avions senti s'appesantir la tension chez l'occupant.
La veille déjà les allemands procédaient à l'installation d'un barrage de barbelés au bas de la route de Kerfuntun.

Le matin même, au retour de ses courses du samedi à Quimper, Maman nous apprenait l'incendie de la préfecture, tout en se félicitant d'avoir pu rentrer sans encombre.
Après le déjeuner, à la demande de notre mère, inquiète du danger latent mais retenue par la présence de quelques clients, nous avons quitté la maison pour la ferme de nos grands parents paternels.
Nos cousins nous accompagnaient et devaient ramener de la farine pour les crêpes. Elle même se proposait de nous rejoindre dans la soirée.
Nous ne sommes pas dit "aurevoir", nous ne nous sommes jamais revus…"

Nos parents vaquaient à leurs occupations, lorsque vers 16 h, huit résistants de la compagnie de Briec, en route pour Saint-Denis, se sont arrêtés  pour se désaltérer à la buvette. Joseph Dorval, patron de la ferme de Parc-Poulic située à environ 1,5 km au nord de Gourvily, circulait à vélo sur la route de Brest en direction de Gourvily.
 A 700 m de Gourvily, Il fut dépassé par 4 camions portant chacun environ 20 soldats allemands équipés de mitrailleuses et de fusils prêts à tirer. J. Dorval avait à peine fait 400 m que la fusillade a commencé. Il a plongé dans le fossé et a vu ce qui se passait. Les Allemands avaient vu 2 résistants armes en bandoulière portant un caisse de bière. On ne peut donc pas dire que les résistants avaient tendu une embuscade. Ce sont eux qui ont été surpris. Le témoignage de J. Dorval est corroboré par celui de François Trellu qui habitait à l'entrée de la ville de Quimper et qui a rédigé un document relatant ce qu'il a vu ou entendu le 5 août 1944 (Ce document a été publié dans l'édition de Quimper d'Ouest-France du 25 février 2004. M. Trellu y relate notamment les propos qui lui ont  été tenus par le quartier-maître qui commandait le groupe de résistants à Gourvily.). 
Ma mère, ma tante et ma grand-mère furent fusillées devant la maison, du côté donnant sur la route de Brest. Les Allemands jetèrent des grenades incendiaires dans la maison.
Mon grand-père sortit alors du côté de la route du Loc'h et fut également abattu
Ma tante Marie-Renée, qui habitait à quelques centaines de mètres, arrivait pour participer aux travaux de l'après-midi. Elle avait quatre enfants âgés de 4 ans et demi à 10 ans.
Trois résistants furent également tués et un quatrième, blessé, ne survécut pas à ses blessures.

Témoignage de Monsieur René Toullec
Contribution et crédit photo Crêperie Le Rayon Vert

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